• Déniaisement littéraire avec Salammbô.

    La Nuit de Salammbô, Pierre Noel, 1931

     

    Après le Voyage au centre de la Terre (11 juin) et La Rôtisserie de la Reine Pédauque (21 juin), c'est à Salammbô[1] que je désire faire allusion ici.

    A dire vrai, ce n'est pas précisément le troisième livre auquel je m'attaque dans mes jeunes années, mais à peu près. Surtout, cette expérience diffère des précédentes en cela qu'elle m'engage à une nouvelle façon de lire - moins primesautière.

    Qu'on en juge : d'une part je suis prévenu de la marotte qu'avait Flaubert de passer ses manuscrits au gueuloir et d'autre part du fait que l'écrivain-chercheur a réuni une documentation colossale afin d'y édifier sa somptueuse épopée.

    Pour corser la tâche, mon exemplaire - ayant lui aussi appartenu à mon grand'père (cf. le 21.06) - présente un dossier sur la controverse avec Sainte-Beuve, qui avait éclaté à sa sortie. Et mes parents attendent que nous en parlions lorsque je l'aurai terminé.

    Aussi, dès la fameuse phrase-seuil (qu'un de mes oncles me cite de mémoire lorsque je lui apprends que j'ai commencé ce roman) : « C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar » : je m'applique et j'apprends - ici, ce que signifie « incipit ».

    C'est donc les sens et l'esprit critique aux aguets que je traverse cette guerre inexpiable menée contre Carthage par des mercenaires impayés, mêlée à la passion fatale de Mâtho, chef des rebelles, et de Salammbô, fille du général carthaginois Hamilcar ainsi que prêtresse de la déesse Tanit.

    Il n'en demeure pas moins que la veine lourdement dépaysante du péplum, analogue à celle du Quo vadis d'Henryk Sienkiewicz - que je lirai, dans la même collection, bien plus tard - parvient à retenir l'essentiel de mon intérêt.

    Si mon plaisir à suivre les personnages et leurs aventures se trouve un brin atténué, j'entrevois cependant - plus que je n'éprouve encore réellement - les satisfactions, remises en question et perspectives, que suscite l'approche informée d'un texte.Lecture, Marlo, 2006.

    <?xml:namespace prefix = v ns = "urn:schemas-microsoft-com:vml" /><v:shape id=_x0000_s1026 o:allowoverlap="f" alt="Lecture, Marlo, s.d." type="#_x0000_t75"></v:shape>Désormais, je ne me départirai plus guère de ce scrupule à m'enquérir des intentions de l'auteur, polémiques suscitées par les parutions successives, rôle de l'œuvre dans l'histoire de la culture, avis de mes contemporains... Bref, d'un appareil critique qui me permette d'aborder une création quelconque en m'aidant à en repérer les principaux enjeux.

    L'intronisation flaubertienne, doublée de recommandations paternelles, a laissé une empreinte durable. Cette approche à tendance holistique, dont l'effort doit me garantir de la naïveté et m'ouvrir à la substance même des choses, sera pour longtemps la mienne.

    A l'heure qu'il est, parmi mes indénombrables bouquins, il y a 176 volumes de la Pléiade. Chacun contient sa thèse d'Etat, et je les ai presque toutes méthodiquement arpentées.

    Ce n'est plus le cas actuellement, mais il n'y a pas si longtemps encore, il m'est arrivé de renoncer à certaines lectures, uniquement parce que je ne trouvais pas d'édition assez critique à mon goût. Oui, je me soigne, merci !



    [1] Au titre de son actualité, il me faut signaler un site avec monde virtuel, parallèle, qui se nomme "Projet Salammbô" : La Micronation Salammbô est très particulière : basée profondément sur les pratiques « narrativistes », elle tient à la fois du roman en ligne et de la communauté de joueurs. Qu'est-ce que Flaubert vient faire là dedans ? L'idée de base qui accoucha finalement de l'île de Salammbô (la micronation) est le désir de se plonger plus profondément que jamais dans ce roman. Se faire plaisir en le parcourant à nouveau, en le retravaillant, en le redécouvrant de l'intérieur, voilà ce qui motiva la création de l'île de Salammbô.

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