• Ciel !    

     

    Quiconque n'arrive

    jamais en retard

    à ses rendez-vous,

    n'en a pas beaucoup.


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  • Jeunes étoiles vues par Hubble.

    Giordano Bruno,

    le Bouddha

    et moi

    sommes d'accord
     

    Contingence de l'être : le monde est « absurde », sans raison. Il est « en trop ». Il existe simplement, sans « fondement ». Les choses et les hommes existent de fait, et non de droit.
    Sartre, La Nausée 

    L'univers se transforme à chaque instant. Le déploiement des métamorphoses de tout ce qui est : voilà sa vraie nature

    La danse équilibrée de Shiva symbolise la Création & la Destruction

    Tout change, aucune forme n'est définitive ni organisée <?xml:namespace prefix = v ns = "urn:schemas-microsoft-com:vml" /><v:shapetype id=_x0000_t75 stroked="f" filled="f" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" o:preferrelative="t" o:spt="75" coordsize="21600,21600"><v:stroke joinstyle="miter"></v:stroke><v:formulas><v:f eqn="if lineDrawn pixelLineWidth 0"></v:f><v:f eqn="sum @0 1 0"></v:f><v:f eqn="sum 0 0 @1"></v:f><v:f eqn="prod @2 1 2"></v:f><v:f eqn="prod @3 21600 pixelWidth"></v:f><v:f eqn="prod @3 21600 pixelHeight"></v:f><v:f eqn="sum @0 0 1"></v:f><v:f eqn="prod @6 1 2"></v:f><v:f eqn="prod @7 21600 pixelWidth"></v:f><v:f eqn="sum @8 21600 0"></v:f><v:f eqn="prod @7 21600 pixelHeight"></v:f><v:f eqn="sum @10 21600 0"></v:f></v:formulas><v:path o:connecttype="rect" gradientshapeok="t" o:extrusionok="f"></v:path><?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:lock aspectratio="t" v:ext="edit"></o:lock></v:shapetype><v:shape id=_x0000_s1026 type="#_x0000_t75" alt="La danse équilibrée de shiva symbolise destruction & création" o:allowoverlap="f"><v:imagedata o:title="fig%2023%20shiva" src="file:///C:\DOCUME~1\Admin\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image001.jpg"></v:imagedata><?xml:namespace prefix = w ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:word" /><w:wrap type="square"></w:wrap></v:shape>selon des assemblages immuables. Le réel auto-engendre lui-même ses formes et ses causes.

    « Je » est donc le centre d'une complication d'agrégats, tous enrôlés dans des trajectoires diverses et infinies. C'est là toute mon origine et tout mon avenir ; il n'y en a pas d'autre. Il n'y a ni dépassement (aufheben) ni création, mais des transformations en mouvement.

    Le bigbang a eu beau produire la masse et l'énergie, peut-être en même temps la fameuse formule E= mc2 et autres constantes physiques, une seconde avant que le temps n'apparaisse (phrase absurde) c'est la vacuité qui a engendré les premiers grumeaux d'existence.

    "Alors" tout se resserrait, se dissolvait, en une synthèse de l'être et du non-être.

    Illustrons : Le point est au mieux figuré par le lieu d'intersection de deux lignes, puisqu'il est immatériel, non quantifiable. Stricto sensu, il est non représentable.

    Mais en se déplaçant, il crée de la ligne qui est mesurable, puis du plan et lorsque le plan se développe apparaît du volume, constitué, lui aussi et exclusivement, du non-être des points qui le composent.

    La vacuité est le rapport entre le non-être (le point) et l'être (le volume). On pourrait faire passer le mouvement pour la cause qui engendrerait de l'être mais, au final, il n'est lui-même qu'un élément, comme le point, dont la source commune est la vacuité.

    Rien a produit quelque chose et l'essence de ce quelque chose est le rien.


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  •  

    L'Art Suisse (romand) existe-t-il ?

    Un pays, une littérature ?

     

    Je réfléchis à ce que peut bien représenter la littérature suisse pour moi.

    C'est qu'au fond, et cela a du sens, je n'ai jamais voulu me la poser, cette question !

    Je me souviens avoir suivi à l'uni un séminaire sur la littérature suisse.

    Des Paracelse, Pestalozzi, Keller et Gotthelf, aussi originaux que rébarbatifs, y défilaient sous l'œil pétillant et à travers la faconde extravagante de l'inénarrable Berchtold.

    Mais je ne suis ensuite jamais allé les visiter plus avant.

    J'ai lu, un peu ou plus :

    Par James Pradier, 1834 (Genève, Ile Rousseau).Rousseau, Amiel, Landry, Pourtalès, Rougemont, Ramuz, Cendrars, De Saussure, Sismondi, Piaget, Cohen, Bille, Starobinsky, Bouvier, Bagnoud, Chessex, Haldas, Urbain et, même si je ne fréquente certes pas assez les contemporains, d'autres encore, résolument passés à la trappe.

    Décidément, les Genevois n'y comptent pas pour rien. Cependant la majorité me semble, hormis quelques belles exceptions, tombée dans l'accessoire, le provincial.

    Outre les BDs d'un Töpffer ne surnagent, vers qui je me tourne spontanément (sans me dire «C'est un Suisse, il faut que je fasse un effort») que Rousseau, Bagnoud et Elfriede Jelinek, Nobel 2004.Bouvier en français - même Ramuz et Piaget commencent à sombrer.

    Il faut encore invoquer, bien sûr, Hesse - encore qu'il s'affaiblisse avec le temps, Jung, Frisch, Dürrenmatt et Zorn, mais je ne les connais que traduits. D'ailleurs, je m'aperçois que je ressens, en les citant, les Suisses allemands avec une semblable impression d'exotisme que s'il s'agissait de Mishima ou de Marquez !

    J'ajoute ici la très remarquable autrichienne Elfriede Jelinek, dont je viens de terminer le magistral "Lust", car ses productions relèvent d'une sphère culturelle (civilisation alpine), d'un imaginaire, identiques à ceux de certains Vallotton, Nu jouant aux cartes, 1912de nos modernes helvètes. De quoi brouiller le schéma.

    En peinture, sans prétendre à l'originalité, je retiendrais peut-être Auberjonois, Böcklin, Calame, probablement Hodler, Füssli, Escher et quelques autres, mais surtout ces quatre : Liotard, Vallotton, Giacometti et Klee.

    Ce n'est pas leur "helvetitude" - chacun a la sienne, qui me semble présenter des liens forts ténus avec celle des autres - mais leur apport proprement créatif, qui retient l'attention.

    Si, comme en littérature, j'abandonne le critère de l'origine nationale, il n'y Giacometti, Le Chat, 1951.en a qu'un ou deux, de cette liste, qui m'importent réellement, alors que dans ma vie de tous les jours, il y a plus de vingt artistes et philosophes qui accompagnent, vivement, mon périple.

    Ceci m'amène à remarquer qu'ici comme ailleurs, je ne me sens pas Suisse - pourtant j'y suis né. Je suis essentiellement habitant de nulle part, puis des œuvres, puis de la langue française et un peu de l'anglaise, enfin, exceptionnellement, de l'allemande.

    En Géographie mentale, mes racines sont moins exubérantes. Dans l'ordre, je me dirais d'abord brutalement séparé du monde (lorsque je quitte mes rôles), puis éventuellement de mon canton, européen, cosmopolite et Klee, Tête d'homme, 1922.enfin, mais vraiment en queue de liste, Suisse.

    Comme ça, maintenant, j'utiliserais un gros poncif en disant que les artistes, s'ils en sont, atteignent à l'universel, et qu'en ce qui me concerne, ce n'est que sous ce rapport qu'ils m'intéressent, éventuellement ( il y faut encore d'autres signes, plus personnels ).

    Somme toute, il me semble relativement artificiel de catégoriser les créateurs par pays. Sans être dénuée d'une certaine portée exégétique ou pédagogique, la catégorie « oeuvre française », par exemple, est bien peu pertinente.

    Trop de courants traversent les lieux et surtout : l'originalité se détache de ce qui l'a produite.

    A tout le moins est-il nécesaire de croiser l'origine avec la période et Munch, La puberté, 1894d'autres critères, où en grande partie, elle se dissout. Munch : peintre réaliste, puis expressionniste, norvégien ayant travaillé en France et en Allemagne au début du 20ème siècle; Fritz Lang : cinéaste actif de 1920 à 1960, autrichien, naturalisé américain, maître de l'expressionnisme allemand, etc.

    Cette réflexion se coule dans beaucoup de mots qui ne me satisfont pas complètement, mais qui m'ont permis de synthétiser et d'éviter que ce texte ne fasse dix pages ou bien davantage.

    Il a fallu que j'y parcours, en galopant, le champ que le thème implique, aussi son contenu demeure-t-il un rien ouvert et dubitatif.<?xml:namespace prefix = o /><o:p> </o:p>

    J'ai tenté de considérer les œuvres conçues dans ce coin du monde en les abritant sous un même en-tête ; cependant le résultat engendre moins d'élucidations que d'autres mises en perspective. C'est que la catégorie nationale, en l'occurrence, s'avère quasi-inopérante.


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  •   Bouguereau, Compassion (1897)

     

    Ma Compassion

    Si difficile de nettoyer la pitié de tout égoïsme, du "quand je pense que ça pourrait m'arriver". Paul Morand, Journal inutile.

     

    Ressentir de la compassion parce qu'on est à côté d'une personne qui souffre me semble, depuis longtemps, problématique.

    Si je n'étais pas là, la souffrance d'autrui serait-elle moindre, disparaîtrait-elle ? A moins que je n'en sois une de ses causes : non.

    En mon absence, sa souffrance serait-elle moins digne de ma compassion ? Non.

    Est-ce que je ressens en ce moment de la compassion pour Mme X ou M Y qui souffrent, sans que je ne le sache ? Non.

    C'est donc ma présence et non leur souffrance qui engendre ma compassion.

    Ma compassion est dès lors bien suspecte, trop parcimonieuse pour ne pas être coupable, car autocentrée, misérablement étroite. S'émouvoir ainsi n'est pas une preuve d'humanité, mais d'enfermement dans son moi.

    Déjà enfant, plus encore lorsque je suis allé en Afrique, en Inde, alors que les Européens se lamentaient des souffrances et de la misère qu'ils observaient, je trouvais méprisable que loin de leur conscience, les affres des douleurs d'autrui leur deviennent irréelles. Et si vives, lorsque personnellement ils en étaient les témoins.

    C'est sans doute, notamment, pour cela que ma voie dans le bouddhisme est celle du Hinayana.


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  • Un engagement


    Il y a dans la vie des gens qui croient nécessaire, pour être entendus, d'adopter un ton sérieux, de prendre la voix de Dieu le père. Ces gens-là sont à fuir. On ne peut décemment les écouter plus d'une minute, et d'ailleurs ils ne parlent pas: ils affirment. Ils donnent des leçons de morale, des cours de pédagogie, d'ennuyeuses leçons de maintien. Même quand ils disent vrai ils tuent la vérité de ce qu'ils disent. Christian Bobin (Isabelle Bruges).

     

    Lorsqu'un de mes collègues m'exhorte, mois après mois, à entrer en politique, il m'arrive de penser au beau geste de Cincinnatus et imagine même, sans rire, de m'en inspirer. Mais à l'époque, Cincinnatus n'a d'autre appartenance que son identité de patricien romain, pauvre de surcroît. Or aujourd'hui, les institutions politiques s'appuient sur des appareils autrement aliénants que le seul sentiment d'engagement envers la société.

    J'ai successivement adhéré à trois partis et ai collaboré avec des membres de tout l'échiquier politique, de l'extrême gauche à la droite nationaliste. De quelque bord qu'il soit, jusqu'à un certain point mais inexorablement, la politique remodèle le militant selon les normes du groupe, ne serait-ce que parce que, pour être efficace, il faut organiser la convergence des individus.

    Certes, les leçons des grands totalitarismes du siècle passé ainsi que les excès de la langue de bois sont partout admis, mais l'esprit critique, le questionnement des leaders et surtout le doute ou la reconnaissance des initiatives des membres d'autres partis - voire pire: de tendances rivales internes à sa propre formation - restent, stricto sensu, inacceptables.

    Unanimisme et intolérance édictent leur règle, non dite, occultée, et qui revient à postuler que les autres ont tort ou raison non en fonction d'arguments, mais dans la mesure où ils se rallient à la position de son clan, par définition infaillible.

    Convivialité et épreuves partagées aidant, en quelques mois, surtout si le militant prétend à quelque rôle réel, le processus fait de lui, plus ou moins à son insu, un écolier prêt à recevoir toutes les leçons de ses maîtres.

    Il conserve certes une autonomie réelle sur la plupart des sujets particuliers qu'il est amené à aborder, mais sur les questions centrales définies par les instances du parti, si nécessaire, il se convainc lui-même de la justesse des vues qui lui sont en fait prescrites.

    Il y gagne diverses présidences (de section, de comité, de bureau, d'assemblée, de conseil, de commission, de fondation, d'association, de coopérative, d'amicale... les occasions ne manquent pas) et autres hochets symboliques, mais aussi quelques miettes de réelle influence sur l'évolution de la Cité, ou au moins d'un secteur particulier de la vie publique.

    Voire, s'il passe quelques années à rendre de loyaux services, à user avec succès du côté « club de placement » de sa tribu.

    Je dis "le militant", mais la militante est dans le même cas, si ce n'est que certaines, une minorité certes, mais influente, ajoutent un cercle dans la secte.

    Il s'agit pour celles-ci de chevaucher de justes combats, mais afin de se retrouver et se promouvoir mutuellement. Cette pratique transcende toute autre considération, et se trouve justifiée à leurs yeux par les innombrables, et réelles, injustices faites à d'autres femmes.

    Je me souviens de la réflexion de certaines, habituées à se réunir dans des groupes exclusivement féminins, lors du Congrès d'un grand parti : « Je ne me rendais pas compte qu'il y a tous ces hommes », «  Si c'est une femme, c'est donc une merveille » ou « Je ne pourrai jamais voter pour un homme »...

    Pour ce qui est des élites, fort peu d'artistes et intellectuels de haut vol acceptent de se vouer à la chose publique. Il n'y a guère que quelques régisseurs et administrateurs de poids pour s'intéresser à siéger dans un hémicycle. La représentation du peuple y est donc plus démocratique que l'on ne pourrait l'imaginer.

    Outre le monstrueux sacrifice de temps et d'énergie que cela requiert, ne serait-ce pas aussi parce que penser revient à ne pas s'épargner dans la déconstruction et que toute réflexion un rien sérieuse ne peut s'entreprendre qu'en se mettant soi-même sur la table de dissection ?

    La politique, tout comme le syndicalisme ou le monde de l'entreprise, raisonne exclusivement en termes de stratégie et de défense d'intérêts, de recul ou de victoire. Ici, ce ne sont pas les questions qui comptent, mais les réponses. Justification et promotion de soi-même, d'identités collectives, défense de territoires, mobilisent toutes les énergies, constituent l'alpha et l'oméga.

    Plus prosaïquement, les politiciens se doivent, afin de se faire remarquer, d'affirmer, de s'emporter, de dénoncer "l'arbitraire absolu" et "l'injustice criante" des autorités, des possédants, de la globalisation, ou de toute entité stigmatisée comme adversaire en la situant, et c'est là le point critique, comme ontologiquement en dehors de soi et de son camp.

    Or, même pour les sciences dures comme la physique, situer l'observateur à l'extérieur de l'expérience étudiée est une erreur, car sa simple présence en modifie le résultat.

    Dénoncer l'égoïsme en s'en acquittant est grotesque, mais c'est le fondement même des discours publics. Cette position de surplomb marque la limite de toute réflexion politique, qui peut être efficace, mais reste essentiellement réactive et complaisante.

    N'étant pas un fanatique de la démocratie représentative, je verrais volontiers se développer les expériences de vote par Internet, en étudiant la question de la mise à disposition de postes et de documentation accessibles à tous.

    Néanmoins nous continuerons vraisemblablement, pour bien des années encore, à nous dessaisir de notre souveraineté pour un nombre calibré d'années, que l'on nomme une législature, en faveur de quelques-uns.

    C'est qu'hélas, le champ politique rabat toutes considérations sur un même plan, sans hiérarchie ni pondération des arguments. Il reste à espérer que les électeurs, ainsi que les journalistes, deviennent moins sensibles aux rodomontades et péroraisons et s'attachent davantage à l'information de fond, aux bilans circonstanciés, des élus et des formations politiques.


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