• Et d'abord, notre trieuse mentale doit disloquer le relativisme ambiant.

    On aime ou non Kadaré,

    cela ne se discute pas.

    Cependant une hiérarchie

    des valeurs esthétiques,

    largement discutable et discutée,

    existe : Dilemme

    (et Kant[1], à ce sujet, ne fait

    qu'éliminer les fausses pistes).



    [1] "Est beau ce qui plaît universellement, sans concept" (Critique de la Façon de juger).



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  • Le cœur en bazooka.

    Orpheline d'une mère vietnamienne et d'un père français, Madeleine (qu'elle prononce en détachant les syllabes : "Ma-de-leinnn-e) a cinq ans de plus que moi.

    Elle ne porte que des chemisiers qui se boutonnent par devant, et des pantalons. Svelte, longs cheveux noirs, ossature fine, souple, yeux pétillants, frimousse et corps parsemés de taches de rousseur, c'est du sang de félin qui coule dans ses veines.

    Madeleine me fait prendre confiance en moi. Elle est celle qui peut être légère ou désespérée, simplement parce que je le suis.

    Elle m'apprend que j'importe pour d'autres que ceux de ma famille, que je puis tenir avec quelqu'un sur la durée et que les tumultes d'un couple mélangent deux êtres, aussi grâce aux hurlements et à la vaisselle brisée.

    C'est mon premier appartement. Constitué de quatre pièces et d'un corridor central, il nous plaît car, sans être immense, il est spacieux.

    Il comprend notamment une belle cuisine qui comble notre penchant pour les bonnes bouffes et dans une chambre, derrière des rideaux que l'on ne ferme jamais, il y a une vraie alcôve, avec toutes les stimulations que ce mot inspire.

    Madeleine, en tout, est ardente. Elle connaît chaque nuance de la combinaison des corps et a décidé que mes excentricités, même les plus licencieuses, pourvu qu'elles se fassent à deux, sont toutes légitimes.

    Parfois, les yeux grands ouverts en face de moi elle proclame, avec un soupçon de menace dans la voix :

    - Je ne vois pas avec qui d'autre tu pourrais faire ça !

    Elle dit quelquefois « ça coûte un saladier », métaphore que je ne puis entendre aujourd'hui encore sans qu'un zeste de mon premier ahurissement, devant une si déconcertante expression, ne me revienne.

    Par bien des côtés, Maeleine me fait penser à la Naomi d'Un amour insensé de Tanizaki, dont les roueries et la sensualité ensorcèlent Jôji Kawai. Successivement passive, câline, vulgaire, gamine, redoutable, lascive, irascible, aimante, elle me charme et m'envahit par la sincérité de ses sentiments à vif, qui me sont livrés, tous, cash.

    Comme elle peut se décider à faire ou non quelque chose selon ce que j'en ai dit, il est indispensable que la plupart du temps, nos avis concordent.

    Or, au début, je m'oppose parfois sans y réfléchir à ses exigences, mais pour lui résister, la lutte est si âpre que plus notre relation dure et plus je calcule le coût/bénéfice, avant de m'engager dans ces épouvantables combats.

    Je ne retrouverai chez personne un tel jusqu'au-boutisme : chantage, canailleries de toute sorte et indifférence aux conséquences, font partie de la panoplie. Sans armure devant la puissance des assauts, dont je n'ai pas l'habitude, je suis désarçonné et lui cède parfois sans autre raison.

    Le maelström de la dispute me laisse épuisé, mais Madeleine, sitôt satisfaction obtenue, redevient douce, presque enfantine, et sait faire oublier l'orage.

    Joyeux Noël !Un jour de décembre, je travaille tandis que Madeleine et Céline, sa fille, décorent l'arbre de Noël.

    Lorsque je rentre, rempli du souvenir de ceux de ma jeunesse, je les compare instinctivement à celui qu'elles ont bichonné. Et émets quelques critiques.

    Furibonde, Madeleine, devant une Céline paralysée, ouvre la fenêtre et y jette le sapin, encore paré de tous ses ornements.

    Après quelques années de vie commune notre séparation, comme elle le devait, fut titanesque.

    Pourtant, si nous savons dès lors que nous ne pouvons vivre ensemble, et malgré le tourbillon de la vie, nous ne nous sommes jamais tout à fait perdus de vue.

    Céline vient habiter chez nous lorsqu'elle a trois ans et demi.

    Elle m'a donné à connaître les nuits blanches à cause des dents qui poussent, l'angoisse d'être responsable d'une petite enjôleuse et la magique clarté du rire des enfants.

     


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  • Ah oui, mais...

     

    La naïveté peut tarir très vite une discussion,

    mais les monomaniaques

    du cheveu coupé en quatre sont assommants

    et les échanges polis n'apportent souvent rien.


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  • Molière, toujours.

     

     

    Il préfère Le Tartufe

    au Misanthrope

    et vérifie ainsi

    son intérêt

    pour autrui.


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  •  

     

    Années 1970 : la mère vient chercher sa fille :

    -          Tu as été gentille avec la maîtresse ?

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    Années 2000 : la grand'mère vient chercher la demi-sœur de son petit-fils :

    -          La maîtresse[1] a été cool avec toi ?



    [1] Si elle vit en France, elle devrait dire, en langage administrativement mis à jour et épicène: « La Professeure des Ecoles », mais cette mammy est encore de la vieille... école.


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