• Le marché ne conditionne pas mécaniquement les modes de pensée

     

    La mondialisation de l'économie est perçue comme une fatalité grosse de catastrophes pour les uns, comme une chance de développer quasiment sans fin les forces économiques pour les autres.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Ces deux approches recouvrent plus ou moins grossièrement les courants politiques et, de ce point de vue, l'on peut dire que l'internationalisme a changé de camp : une droite libérale prônant la supranationalité du capital contre des résistances sociales, « locales », émanant principalement de la gauche et du monde de travail.

    Nécessaire mondialisation

    La mondialisation semble inévitable, et même, par certains aspects, souhaitable. Aux origines de l'humanité, l'on ne trouve qu'une souche commune (monophylétisme), dont nous dérivons tous. Cette unité primordiale a été rompue au cours des millénaires. Mais, aujourd'hui, au travers de la mondialisation, se dessine une dynamique de retour à l'unification de notre espèce.

    Ce mouvement, engendrant des effets que certains peuvent estimer positifs ou négatifs, est sans doute l'un des plus profonds que l'histoire connaisse. Voici quatre exemples significatifs, à des époques diverses et relavant de domaines différents :

    -          Le rétablissement des liens entre tous les habitants de la planète a commencé aux alentour du XVe siècle avec, par exemple, les expéditions de Christophe Colomb et de ses successeurs.

    -          Avant même la conquête et l'établissement des empires coloniaux, les premiers échanges, souvent meurtriers, qui se firent entre les colonisateurs et les habitants, furent microbiens. On peut citer à ce sujet les centaines de milliers d'Indiens qui, ne possédant aucun anticorps spécifique, sont morts en attrapant un rhume. L'histoire économique, par le fer et le sang, n'a cessé depuis lors de tisser des liens de plus en plus divers et étroits entre les humains habitant les quatre coins de la planète.

    -          L'unification de notre espèce ne porte pas que sur des échanges matériels. Entre mille exemples, on peut retenir la Révolution française et son idéologie des droits de l'homme, à vocation universelle et dans laquelle, aujourd'hui encore, nous essayons de trouver notre inspiration...

    -          A notre époque, la réunification est aussi génétique. Le professeur Langanay et d'autres anthropologistes ont démontrée que, dans certaines régions de la planète, comme le Brésil, les métissages sont si intenses que les types physiques s'enchevêtrent jusqu'à l'extrême, rendant toute identité raciale définitivement impensable.

    Le cerveau mondialPour revenir à notre fil conducteur, il faut considérer que la mondialisation de l'économie se produit aujourd'hui au service de l'idéologie et des intérêts dominants, mais que le mouvement est plus profond.

    Nous devons être capables d'affirmer que la mondialisation de l'économie n'induit pas mécaniquement de conséquences sur le mode de régulation des rapports sociaux que telle ou telle société se donne. Le Japon, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, le Mexique, la Chine, l'Inde, la Pologne, l'Italie, la France, la Suède et la Suisse sont engagés dans la mondialisation économique, mais avec des types différents d'organisation de la société.

    La culture, les civilisations, ne peuvent être réduites à leur organisation économique, qui n'en est qu'une composante, aussi importante soit-elle. Le marché ne conditionne pas mécaniquement les modes de pensée, les habitudes, les valeurs, ni même l'organisation des marchés, ou celle de l'Etat.

    Chaque politique, qu'elle soit sanitaire, scolaire, culturelle ou économique, favorise tel ou tel intérêt. Toute l'histoire économique nous montre qu'il n'y a pas de politique économique abstraite, scientifique, que l'on pourrait appeler « optimale ». Toute politique économique reflète en fait un état de coalition des groupes sociaux gagnants.

    Le rôle des économistes, comme de n'importe quels experts, est de tenter de dégager les conséquences des choix de la politique économique. A chacun son rôle : il est dans l'ordre des choses que les politiques tentent de démonter qu'il n'y a qu'une politique économique possible, et que c'est celle qu'ils préconisent.

    De grâce, que les économistes utilisent leurs compétences pour mettre en lumière les conséquences de tel ou tel option, et ne se mêlent pas de préconiser des orientations de politique économique.

    Le chômage est un puissant moyen de politique économique, qui aboutit à discipliner les salariés, à les affaiblir et à briser toute tentative d'unification des revendications des demandeurs d'emploi avec celles des travailleurs. Cette politique économique aboutit dans les faits à une baisse du nombre des emplois et à une augmentation des bénéfices des entreprises.

    Aujourd'hui encore, lorsqu'une entreprise licencie, ses actions en bourse prennent de la valeur. La vision dominante de l'économie est faussée car, en fait, c'est la combinaison du travail et du capital qui fait faire des profits aux entreprises et non, en soi, la rétraction de leur base salariale.

    La vieille règle marxiste qui remarque que la répartition de la plus-value entre les impôts, les salaires et le profit est conflictuelle, reste une analyse actuelle. En favorisant les entreprises, les personnes morales, on a effectivement défavorisé les personnes physiques. Ou du moins la grande majorité d'entre elles, qui ne retirent aucun avantage, au niveau de leur revenu, de l'augmentation des profits réalisés par les entreprises.

    On ne peut pas réellement considérer que les entreprises sont responsables de cette situation, car le conflit entre entreprises et employés, pour s'approprier une part plus importante de la plus-value, est l'une des règles du jeu normal de notre économie.

    Ce qui change aujourd'hui, c'est que les orientations économiques et sociales globales sont déterminées par des instances financières supranationales, secondées par les entreprises multinationales, ce qui aboutit en fait à affaiblir la capacité d'intervention des salariés et des syndicats, qui ne peuvent plus négocier la répartition des gains de productivité que les nouvelles technologies génèrent.

    La montée des nationalismes, ici comme ailleurs, constitue un combat d'arrière garde en forme de repli identitaire, alors que les Etats ne sont pas à la mesure des problèmes - migrations, écologie, marchés, etc. - qui supposeront, pour être régulés, que les Nations accordent des transferts de souverainetés à des identités supranationales (Europe, ONU, OIT, ...).

    Une logique inquiétante

    Pour que la baisse des salaires puisse réellement créer des emplois, il faudrait rivaliser avec le niveau des salaires de l'Asie du Sud-est, importer les conditions du marché du travail propres au tiers-monde en Europe et provoquer des secousses sociales majeures.

    Une vraie politique économique devrait faire le contraire, à savoir favoriser une augmentation de la consommation en augmentant les revenus du travail, c'est-à-dire refuser le dumping social, sinon prix et salaires seront imposés par le marché mondial.

    Le réseau mondialMais le vrai nœud du problème est peut-être justement qu'aujourd'hui, les politiques ne croient plus à la politique. Il y a une réelle volonté d'impuissance, qui tend à aligner toute « décision » sur les règles de fonctionnement de l'économie libérale, mettant ainsi la société au service du marché. C'est à ce prix que se forme une sorte de consensus mondial redoutable, sur le degré zéro de la politique et de l'éthique.

    Question d'état d'esprit

    Comme on est loin de la vision d'un de Gaulle qui avait affirmé : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. ». Certes, à l'époque, les monnaies n'étaient pas coordonnées au niveau européen, mais l'essentiel n'est pas là. Il réside dans un état d'esprit, qui se soumet ou non à la religion des données financières internationales.

    Depuis plus de vingt ans en Europe, les diminutions de la pression fiscale et les allégements de charges de toutes sortes sur les entreprises n'ont pas réellement fait baisser le taux de chômage.

    Il n'y a pas de politique dans l'absolu, chaque politique tend à modifier l'état actuel des forces et exprime des choix en faveur ou en défaveur de certaines couches de <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName ProductID="la population. Restaurer" w:st="on">la population.</st1:PersonName>

    <st1:PersonName ProductID="la population. Restaurer" w:st="on">Restaurer</st1:PersonName> le débat, dévoiler les intérêts qui se cachent derrière l'apparente objectivité de l'économisme unilatéral ambiant, promouvoir des politiques qui représentent une approche nouvelle des rapports sociaux, tendre à former des instances d'équilibrage mondiaux plus démocratiques voilà, semble-t-il, ce que « faire de la politique » devrait encore pouvoir dire.


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