• Ma Compassion.

      Bouguereau, Compassion (1897)

     

    Ma Compassion

    Si difficile de nettoyer la pitié de tout égoïsme, du "quand je pense que ça pourrait m'arriver". Paul Morand, Journal inutile.

     

    Ressentir de la compassion parce qu'on est à côté d'une personne qui souffre me semble, depuis longtemps, problématique.

    Si je n'étais pas là, la souffrance d'autrui serait-elle moindre, disparaîtrait-elle ? A moins que je n'en sois une de ses causes : non.

    En mon absence, sa souffrance serait-elle moins digne de ma compassion ? Non.

    Est-ce que je ressens en ce moment de la compassion pour Mme X ou M Y qui souffrent, sans que je ne le sache ? Non.

    C'est donc ma présence et non leur souffrance qui engendre ma compassion.

    Ma compassion est dès lors bien suspecte, trop parcimonieuse pour ne pas être coupable, car autocentrée, misérablement étroite. S'émouvoir ainsi n'est pas une preuve d'humanité, mais d'enfermement dans son moi.

    Déjà enfant, plus encore lorsque je suis allé en Afrique, en Inde, alors que les Européens se lamentaient des souffrances et de la misère qu'ils observaient, je trouvais méprisable que loin de leur conscience, les affres des douleurs d'autrui leur deviennent irréelles. Et si vives, lorsque personnellement ils en étaient les témoins.

    C'est sans doute, notamment, pour cela que ma voie dans le bouddhisme est celle du Hinayana.


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